sobriete numerique 5R
Bureau Vert,  Déchets et Pollutions,  Energies et Climat

Les 5R de la sobriété numérique

[BureauVert] est une initiative lancée par le réseau Profs en transition dont l’objectif est de réduire l’impact écologique de nos espaces et usages bureautiques, dans l’univers scolaire évidemment mais aussi bien au-delà dans nos pratiques quotidiennes ! 

Temps de lecture: 8 minutes

Cet article fait suite à l’article précédent La pollution numérique que nous vous invitons à (re)découvrir afin d’avoir en tête les principaux enjeux du numérique et les raisons pour lesquelles il est plus que nécessaire de tendre vers la sobriété dans ses usages. Aller vers la sobriété numérique, c’est participer à la diminution de notre consommation énergétique et agir ainsi concrètement pour la décroissance énergétique.

Suivant la démarche des 5R, habituellement mise en avant dans les pratiques Zéro Déchet, l’article qui suit donne les clés de 13 grands écogestes. Ceux-ci sont regroupés en 5 familles de Règles, classées suivant la démarche précitée des plus aux moins impactantes (Refuser, Réduire, Réutiliser, Recycler et enfin Rendre à la Terre), ceci afin de viser efficacement la sobriété dans nos usages numériques.

– Résumé de la démarche des 5R numériques –

5R numériques

1. R comme REFUSER

JE REFUSE LA “MODE” TECHNOLOGIQUE.

En luttant contre l’obsolescence programmée et en refusant de remplacer mon équipement encore fonctionnel :

  • Je prends soin de mon matériel et j’ai recours aux bons gestes pour allonger sa durée de vie qui peut ainsi atteindre 2 fois la durée moyenne de vie observée, soit 5 ans pour un smartphone et 10 ans pour un ordinateur
  • Je me limite en termes de nombre d’équipements au strict minimum. Je les fais réparer si besoin. 
  • Je fais attention aux mises à jour de mon système d’exploitation et autres logiciels installés qui peuvent ralentir les performances de mes équipements. A cet effet, je privilégie l’installation des mises à jour correctives et notamment de sécurité – indispensables contre les failles et les dysfonctionnements – lorsque j’arrive à les distinguer des mises à jour fonctionnelles évolutives – souvent cosmétiques, voire inutiles et qui contribuent à l’obsolescence programmée. Il n’est pas toujours possible ni aisé de distinguer mise à jour corrective et évolutive (un projet de loi avorté portant sur une “garantie logicielle” aurait pu changer la donne, toutefois la disposition a été remplacée par un droit à l’information concernant la durée de compatibilité des logiciels achetés avec un usage normal). Par défaut, je diffère donc le lancement de toute mise à jour lorsque l’éditeur logiciel n’a pas communiqué un avis majeur de sécurité. Je peux aussi me renseigner dans la presse spécialisée, forums ou même presse nationale si des failles/dysfonctionnements majeurs sont connus et qu’une mise à jour est fortement recommandée pour mon système d’exploitation/logiciel. Et pour celles et ceux qui veulent aller plus loin, d’autres solutions ici.
  • Je fais la chasse aux crapwares (logiciel préinstallé non désiré par l’utilisateur, autrement appelé “pourriciel”) et bloatwares (logiciel utilisant une quantité conséquente de ressources système, autrement appelé “obésiciel”). Ils dégradent les performances de mon équipement et accélèrent aussi l’obsolescence matérielle.  Pour lutter contre cela, j’utilise des programmes qui les désinstallent proprement tels que : Ccleaner ou Adwcleaner

Pour l’achat de matériel neuf, je privilégie les équipements à fort indice de réparabilité (la loi économie circulaire 2021 permettra de disposer d’un logo pour les consommateurs) et possédant un écolabel quant aux garanties de sa durabilité, réparabilité et économie d’énergie (Ecolabel européen et NF Environnement certifiés par l’AFNOR mais aussi d’autres).

JE REFUSE LES MODÈLES DOMINANTS.

J’adopte le “STOP PUB” numérique, en ayant conscience qu’Internet n’est pas gratuit, qu’il se base sur un modèle publicitaire où l’utilisateur et ses données “sont le produit”. En conséquence, je privilégie la protection de ma vie privée en refusant la prolifération de données et leur utilisation à mon insu, accentuant le recours à un modèle énergivore, gourmand en données et hyper-connecté :

  • Je pense à utiliser des outils protecteurs de ma vie privée, qui bloquent les mouchards et m’en informent : TrackMeNot, Ghostery, etc (liste plus complète des outils ici) ou encore des anti-spams (liste ici). 
  • J’opte pour Firefox au lieu de Google ou IE/Edge comme navigateur et Linux au lieu de Microsoft comme système d’exploitation, qui protègent mieux mes données personnelles.
  • Je me renseigne sur les alternatives dans le monde du logiciel libre qui sont plus éthiques et respectueuses de la vie privée, par exemple Framasoft et Qwant à la place des services Google, et je me renseigne correctement sur le fonctionnement des moteurs de recherche alternatifs tels Ecosia et Lilo avant de faire mon choix en connaissance de cause.
  • J’opte également pour la possibilité de choisir des logiciels payants qui me garantissent la protection de ma vie privée, ProtonMail par exemple pour la messagerie (cela pose de manière générale et comme vu dans l’article précédent, la question cruciale du modèle économique de l’internet gratuit versus payant).
  • J’ajoute un bloqueur de pubs comme Adblock à mon navigateur. 
  • Je désactive les cookies (traceurs de navigation utilisés pour le ciblage publicitaire) selon mes préférences directement dans les réglages de mon navigateur et de manière plus restrictive à la première connexion à un site web.
  • Je paramètre correctement les applications – souvent permissives par défaut – que j’utilise ou que je télécharge pour verrouiller le recueil de mes données personnelles qui ne sont pas strictement nécessaires à l’exécution de l’application, par exemple : la géolocalisation en arrière plan, l’accès à mes données de contacts, l’accès à mes photos, etc.
  • Je prends conscience que certaines données que je partage peuvent être exploitées sans recueillir mon consentement explicite et univoque. Par exemple, mes photos prises avec mon smartphone sont géolocalisées et horodatées et ces données – métadonnées plus précisément – ajoutées automatiquement aux photos peuvent être exploitées au moment de leur téléchargement sur certains réseaux sociaux, plus ou moins “soucieux” du principe de consentement de l’utilisateur). Je désactive donc certaines options pour fournir le moins de données possibles ou j’expurge les “métadonnées” en conséquence (un moyen simple de le faire pour mes photos par exemple ici).
  • Je fais de la veille et me tiens régulièrement informé sur les moyens de protection de ma vie privée face à certaines avancées technologiques qui la fragilisent (exemples ici et ).

2. R comme RÉDUIRE

JE RÉDUIS L’EMPREINTE NUMÉRIQUE DE MES ACTIVITES WEB :

  • Comme vu au point 1.2., je paramètre les cookies correctement pour une protection renforcée contre le pistage auquel m’exposent le navigateur et les sites que je visite.
  • Je fais en sorte d’en dire le moins sur mes habitudes de vie et de ne pas poster de données personnelles me concernant (photos, adresses préférences, etc) au moins en mode Public, sur des sites ouverts ou sur les réseaux sociaux qui ont un modèle économique se basant sur l’exploitation de mes données en contrepartie de services « gratuits ».
  • J’utilise une adresse mail différente de mon adresse principale sur les réseaux sociaux, sites marchands, forums, etc. afin de rendre plus complexe le recoupement de mes données dans les bases marketing.

JE REDUIS MA CONSOMMATION DE DONNÉES :

  • Je réduis la résolution des vidéos que je visualise et des images que je télécharge ou transfère, et notamment les photos prises avec mon smartphone. 
  • Je désactive le lancement automatique des vidéos sur mon navigateur et je télécharge au lieu de visionner en streaming lorsque c’est possible et légal. 
  • Je réduis le recours au stockage sur le cloud au strict minimum et je stocke en local lorsque c’est possible. 
  • Je fais le ménage régulièrement dans mes historiques de mails, dans mes données stockées en local et surtout dans les espaces “cloud”. À cet effet, je peux participer au World Cleanup Day numérique qu’organise le World Cleanup Day pour cette édition 2020.
  • Je supprime les applications inutiles en priorité et je fais de la place avant de songer à racheter des composants mémoire. 
  • J’évite l’envoi de pièces jointes trop volumineuses et à plusieurs destinataires si cela n’est pas nécessaire. 
  • Lorsque j’ai le choix et la possibilité, je privilégie un accès Internet filaire ou porteur. En mobilité, j’accède donc au réseau internet via une connexion WI-FI, réseau beaucoup moins gourmand en bande passante que celui de la 4G (sans parler de la future 5G), et en sédentaire j’accède de préférence en filaire ou par boitier CPL avec mon PC, notamment pour des opérations gourmandes en données comme des téléchargements et transferts photos vers le cloud.
  • J’enregistre dans mes favoris les liens des sites que je visite fréquemment. 
  • J’effectue des recherches sur le moteur avec les mots clés les plus pertinents pour un résultat plus rapide. 
  • Je choisis bien en amont les outils qui me conviennent et j’évite de télécharger plusieurs applications à fonctionnalités identiques et que je délaisserai rapidement dans le temps. 
  • Je choisis la version papier équivalente lorsque l’usage présente une durée de conservation et de consultation longues car le numérique est moins écologique dans ce cas. Par exemple, une facture numérique est plus écologique car elle sera consultée un nombre limité de fois et ne sera pas conservée très longtemps, mais un manuel scolaire en papier sera plus écologique car utilisé plusieurs années d’affilée et consulté très régulièrement. 

JE RÉDUIS MA PRÉSENCE INUTILE SUR INTERNET :

  • Je supprime les comptes sur les sites marchands ou de réseaux sociaux que je ne consulte plus et je me désabonne des newsletters que je ne lis plus (soit en utilisant le lien de désabonnement de la newsletter soit en utilisant des outils comme Cleanfox).
  • Je réduis mon temps de connexion et j’instaure des temps de déconnexion ritualisés.
  • Je maîtrise mon temps passé sur les écrans grâce au rapport quotidien que je peux activer sur mon smartphone.

JE RÉDUIS LA CONSOMMATION ÉLECTRIQUE DE MES APPAREILS :

  • J’active le mode veille (mais pas sur de très courtes durées et de manière trop fréquente car cela peut endommager certains composants électroniques).
  • Je réduis la luminosité de mes écrans (pour diminuer sensiblement la consommation énergétique).
  • J’éteins mes équipements (y compris Box ADSL) lorsque je ne les utilise plus.
  • Je programme ma BOX pour activer/désactiver le WIFI et TV sur des plages dédiées.

 

3. R comme REUTILISER

JE RÉUTILISE LE MATÉRIEL ENCORE FONCTIONNEL :

  • J’achète du matériel reconditionné ou d’occasion et j’opte pour le don ou la revente de mon propre équipement lorsqu’il ne correspond plus à mon besoin et après l’avoir fait durer le plus longtemps possible.
  • Je fais réparer les composants défectueux dans les filières spécialisées.
  • Je donne une seconde vie à mon vieux smartphone comme baladeur MP3 ou je raccorde mon PC à ma chaîne Hi-Fi pour diffuser morceaux de musique, émissions de radio et Podcasts, ou bien encore je m’en sers comme juke-box numérique.

JE RÉUTILISE LES RESSOURCES NUMÉRIQUES DÉJÀ DISPONIBLES :

  • Je cherche l’équivalent sur CD/DVD ou tout simplement en version papier.
  • Je fais une recherche internet et je télécharge uniquement si je ne dispose pas en local d’une ressource satisfaisante.
  • Au bureau, je pense à mutualiser les ressources avec mes collègues pour constituer un vivier commun le plus large.
  • J’adopte également le réflexe de vérifier si la ressource que je cherche n’est pas déjà disponible au sein de l’école, à la médiathèque municipale, chez moi, mes collègues ou mes proches.

 

4. R comme RECYCLER

JE FAIS RECYCLER MON MATÉRIEL :

  • Je le dépose dans l’un des points de collectes de déchets d’équipements électriques et électroniques ou dans les magasins partenaires près de chez moi.
  • Je garde toutefois en tête que le taux de recyclabilité du matériel informatique est assez faible, d’où l’intérêt d’agir en priorité sur la durée de vie, encore plus pour les équipements de ce type.

Cela évite à minima que les produits toxiques qu’il contient ne polluent l’environnement.

 

5. R comme RENDRE A LA TERRE

JE ME RECONNECTE A LA NATURE.

Le plus souvent je privilégie les moments de “reconnexion” à la nature / à l’espace extérieur pour moi et pour mes élèves. Plus de détails sur cette action dans le cadre de notre initiative autour de “L’école du dehors”.

J’INCLUS LA SOBRIETE NUMERIQUE DANS MES  APPRENTISSAGES.

Dans le cadre pédagogique, j’aborde la question de la pollution numérique suivant ses différents angles : climatique (émission de GES), environnemental (en terme de ressources, pollution chimique liée aux métaux des batteries entre autres), social (exploitation des travailleurs dans les mines d’extraction des terres rares), psycho-social et psycho-affectif (expansion du jeu vidéo et de l’isolement social, danger des infox et autre désinformation, de la pornographie, de l’impact sur la vie privée) que je peux traiter avec mes élèves par l’éducation aux médias (EMI).

 

JE SENSIBILISE AUTOUR DE MOI.

  • J’implique mes collègues, mes élèves et plus largement le tissu associatif et les écoles alentours. Cela peut être fait de façon ludique, sous forme de défis, en organisant des campagnes de CleanUp numériques.
  • Je peux faire contribuer mes élèves et leurs parents en les encourageant à venir présenter en classe leurs propres astuces pour la sobriété numérique.
  • Le choix de la présentation sous forme des 5R des gestes en faveur de la sobriété numérique permet de les classer en fonction de leur efficacité. Au regard du poids différent que représente chaque facteur de pollution (une vidéo consomme beaucoup plus qu’un mail, la phase de fabrication d’un PC/smartphone pollue autant sinon plus que la phase d’utilisation, etc.), je peux m’amuser à pondérer chacune des actions, organiser des concours pédagogiques en classe avec mes élèves ou au bureau avec mes collègues, etc. Cela ne veut pas dire que les “petites actions” sont à délaisser, au contraire elles contribuent à instaurer des rituels et des bonnes habitudes qui amènent une réflexion plus poussée et une conscience de plus en plus aiguisée (les petites ruisseaux etc. etc.).
  • Comme outil, je peux utiliser La Fresque Numérique, à l’image de La Fresque du Climat. Outil visuel et pédagogique, il permet d’aborder de façon collaborative les enjeux écologiques du numérique et les solutions pour un numérique responsable.

J’INTERPELLE LA RESPONSABILITÉ SOCIÉTALE DES PARTENAIRES ET DES ÉLUS.

Je n’hésite pas dans ce cadre à interroger la collectivité quant à son rôle: politique de dotation en matériel informatique, choix des fournisseurs, labels engagés, etc.

 

Avec ces propositions nombreuses et concrètes, vous voilà donc munis d’une boite à outils qui vous permet d’initier réflexion et action. A vous de jouer !

Plus d’articles autour de l’initiative [BureauVert] : retrouvez également nos articles pour valoriser nos manuels inutilisés,  construire une démarche pédagogique écoresponsable et proposer des fournitures scolaires écologiques et durables. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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6 commentaires

  • Cecile

    Merci pour czt article qui rappelle qu’en utilisant internet de façon rèflèchie et responsable on peut faire attention à la planete et aussi se reconnecter au rèel.
    J’essaye toujours de ne pas le mettre en prioritè chaque jour, il passe tjs apres les vraies relations et le lien social.
    Pour l’usage j’ai optè pour le moins mais mieux avec un grand tri des contenus que je veux voir, filtrage de ce qui rentre et centralisation sur deux ,trois outils pour ne pas me disperser.

  • Gwenaël

    Bonjour,
    Merci beaucoup pour cet article, ainsi que le précédent sur les pistes de réflexions. Ils font réellement avancer la réflexion sur le sujet.
    Je m’étonne cependant de la présence symbolique des logiciels libre dans vos solutions dans la partie “Refuser”. Les communautés qui développent les logiciels libres ont également ce type de réflexion et bien souvent apportent des solutions concrètes et clefs en main aux objectifs que vous énoncez : peu ou prou de crapware, meilleure durabilité du matériel, solutions pour leurs donner une seconde vie (lubuntu, par exemple, pour “light ubuntu” permet de faire tourner de “vieilles” machines qui auraient du mal à démarrer avec une version relativement récente de Windows), les mises à jour sont beaucoup moins problématiques (car aucun intérêt pour les communautés de développeur que l’utilisateur ne renouvelle son matériel), les appli stop pubs sont incluses par défaut, il existe même des solutions pour brider certains réseaux sociaux…
    merci
    Sans dire que c’est la panacée absolue (il faut toujours rester vigilant), ni que cela dispense de faire attention à ses usages numériques comme vous nous invitez à le faire, le monde du logiciel libre nous permet de refuser efficacement les modèles dominants tout en bénéficiant de la réflexions de communautés qui elles-même refusent le modèle de la gabegie commerciale.

    • Lila Abes

      Bonjour Gwenaël. Vous avez tout à fait raison concernant le logiciel libre comme alternative plus soucieuse de l’éthique et de l’environnement (ce qui est développé un peu plus longuement dans le premier article), d’où leur place dès la partie “refuser” dans les 5R. Cet article se voulait suffisamment vulgarisé, exhaustif, avec des solutions pour lesquelles nous ayons individuellement le plus la main. En milieu professionnel, basculer plus massivement s’avère plus complexe et les systèmes d’information sont le plus souvent choisis de manière institutionnelle, le champ d’action étant rendu plus étroit … mais oui le choix du logiciel libre doit être défendu et soutenu en milieu scolaire !

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