
L’École Jardinière
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Il faut cultiver notre jardin. Cette célèbre maxime de Voltaire, extraite de Candide, nous invite à prendre soin de notre environnement immédiat, mais elle résonne aussi comme un appel à cultiver notre esprit, nos relations et notre monde. Le jardin devient alors une métaphore puissante de l’apprentissage, de la croissance personnelle et collective.
Dans cet esprit, le WWF France a lancé le projet L’École Jardinière, une initiative qui vise à intégrer des potagers pédagogiques au sein des établissements scolaires. Cette démarche s’inscrit dans une volonté de reconnecter les enfants à la nature, de les sensibiliser aux enjeux environnementaux tout en leur permettant de développer de multiples compétences. Ce projet éducatif prend racine dans une approche concrète : celle d’apprendre par l’expérience, en cultivant la terre et en l’observant.
Éducation à la santé
Passer du temps en plein air, les mains plongées dans la terre, offre bien plus que de simples connaissances agricoles. Les bienfaits sur la santé physique et mentale sont indéniables. En étant impliqués dans un projet de jardinage, les enfants sont incités à bouger, à adopter une posture active qui contraste avec la sédentarité des journées passées en classe ou devant des écrans. Le jardin devient un espace où l’on apprend à utiliser son corps autrement, en creusant, semant, arrosant, récoltant.
Ce contact direct avec la nature a également un impact positif sur la santé mentale. Les études montrent que l’exposition aux environnements naturels réduit le stress, améliore l’humeur et stimule la concentration. La satisfaction de voir pousser les plantes qu’ils ont eux-mêmes semées procure aux enfants un sentiment d’accomplissement et de responsabilité, essentiel à leur développement personnel.
De plus, le jardinage scolaire est une porte d’entrée privilégiée pour aborder l’alimentation saine. Cultiver ses propres fruits et légumes permet de prendre conscience de la valeur des aliments, de leur saisonnalité, et d’adopter une alimentation plus équilibrée. C’est aussi un moyen de redonner de la dignité à l’acte de se nourrir, en sortant du schéma de consommation rapide et standardisé.

Renforcement du lien social
Les potagers scolaires représentent par ailleurs un formidable outil de cohésion sociale. Le projet École Jardinière encourage une pédagogie active et participative. Les enseignants, en adoptant une posture d’accompagnant, deviennent des facilitateurs de l’apprentissage, laissant davantage de place à l’expérimentation, à l’observation et aux échanges.
Pour ritualiser la pratique, l’Ecole Jardinière a développé un nouveau format, l’hebdo, qui consiste à partager une activité par semaine à réaliser en lien avec le potager pédagogique, qu’importe ainsi son format ou la saison.
Mais ce n’est pas tout : ce projet permet également de tisser des liens bien au-delà des murs de l’école, avec sa collectivité bien entendu, mais aussi avec les associations de son territoire. Autre invitation : celle des familles à participer à l’entretien des potagers, en particulier pendant les vacances scolaires. Cette implication crée une dynamique de coéducation où l’expérience familiale vient enrichir l’apprentissage scolaire.
La présence des grands-parents dans ce processus peut également être précieuse. Leur savoir-faire traditionnel, leurs récits de jardinage et leur sens de la patience peuvent être transmis aux plus jeunes. Le potager devient alors un lieu de transmission intergénérationnelle, où l’on apprend autant à cultiver la terre qu’à cultiver les relations humaines.
En parallèle, ces projets de jardinage offrent aussi la possibilité de créer des événements collectifs, comme des fêtes de la récolte ou des ateliers de cuisine partagés. Ils deviennent des moments privilégiés où chacun, enfants, parents, enseignants et membres de la communauté, se retrouve autour d’un objectif commun : faire vivre le jardin.
Compétences psychosociales
Au-delà des aspects pratiques et sociaux, le jardinage scolaire permet également de développer des compétences psychosociales essentielles. Prendre soin d’un jardin exige de la patience, de l’attention, mais aussi une certaine forme d’empathie. Les enfants apprennent à observer les plantes, à comprendre leurs besoins et à agir pour leur bien-être.
Le jardin est un laboratoire vivant, un lieu d’expériences et de découvertes. Support d’activités ludiques, le jardin pédagogique se révèle être pour l’enfant un espace idéal pour s’exprimer, s’évader, apprendre.
Ces compétences d’empathie et de responsabilité sont facilement transposables aux relations humaines. En travaillant ensemble sur un même projet, les élèves développent leur capacité à communiquer, à collaborer, à partager leurs connaissances et leurs ressentis. L’école devient alors un espace de dialogue où chacun apprend à écouter et à respecter le point de vue de l’autre.
Le jardinage favorise également l’autonomie et la prise de décision. En se confrontant à des situations concrètes — comme choisir la meilleure méthode d’arrosage ou décider de l’emplacement idéal pour chaque plante — les enfants apprennent à résoudre des problèmes par eux-mêmes, tout en développant leur confiance en leurs capacités.

Une éducation au développement durable
Le projet L’École Jardinière ne se limite pas à la sensibilisation aux bienfaits de la nature. Il s’agit également d’acquérir des compétences techniques qui pourront être mobilisées dans une logique de transition écologique. Les potagers scolaires deviennent ainsi des terrains d’expérimentation où l’on apprend non seulement à cultiver, mais aussi à comprendre les mécanismes qui régissent notre environnement.
Sur le plan scientifique, les élèves peuvent étudier la biodiversité, la croissance des végétaux, la pollinisation, ou encore les cycles de l’eau. Ces notions théoriques prennent une dimension concrète lorsqu’elles sont expérimentées sur le terrain. Les enfants peuvent ainsi réaliser des relevés, des mesures, des schémas, des calculs de surfaces, autant d’activités qui enrichissent leur apprentissage en mathématiques et en sciences.
Mais l’éducation au développement durable va plus loin. Elle inclut aussi l’apprentissage de techniques de production alimentaire respectueuses de l’environnement : paillage, associations de cultures, rotations des plantes, gestion raisonnée de l’eau. On y découvre aussi la low-tech, le do-it-yourself et la récupération, autant de pratiques essentielles pour concevoir des systèmes résilients et durables.
Enfin, le jardinage est également propice à l’expression artistique et littéraire. Qu’il s’agisse de décorer le jardin, de rédiger des poèmes inspirés par les plantes ou d’illustrer le cycle de vie des végétaux, la créativité trouve ici un terrain d’expression privilégié.
De manière directe ou détournée, il invite à la démarche scientifique : observation, expérimentation, questionnement, émission d’hypothèses et vérification sont mises en œuvre par tous les jardiniers.
« Les maîtres d’école sont des jardiniers en intelligence humaine. » (Victor Hugo)
Intégrer des potagers dans les écoles, c’est offrir aux enfants l’opportunité d’apprendre par la pratique, de développer leur esprit critique, leur sens de l’observation et leur créativité. C’est aussi leur permettre de devenir des citoyens engagés, conscients des enjeux écologiques et sociaux.
Pour découvrir cette initiative passionnante et la mettre en œuvre dans votre établissement, rendez-vous sur le site officiel de L’École Jardinière du WWF France. Retrouvez-y les outils pédagogiques, affiches et illustrations ou encore fiches techniques pour vous lancer et faire du potager, un rendez-vous pour vos élèves.
