Aborder en classe la question des migrations humaines
“Des vents tourmentés courent à la surface du monde, déracinant dans leur sillage chaotique, des dizaines de millions d’existences. Les ombres, naturelles ou artificielles, venues du ciel sèment la terreur, mêlant aux destructions matérielles le sang et les larmes de nos semblables. Guerres, crises économiques et climatiques précipitent des millions de survivants chaque année sur les chemins de l’errance.” *
Selon le HCR (Haut-Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés), plus de 250 millions de personnes pourraient se trouver en situation d’exil forcé en 2050.
“Face à ces mouvements, les lignes politiques et physiques des sociétés humaines vacillent. Les corps se replient sur eux-mêmes, les yeux ternis d’une humanité qu’on abandonne tandis que les consciences, collectives et informées, rougissent de honte de se terrer dans un égoïsme rationnalisé par l’économie et l’intérêt privé. La vision manichéenne et occidentale du monde avait érigé les démocraties d’Europe et d’Amérique comme les derniers bastions de défense d’une civilisation qui se meurt. Or, ces mêmes sociétés usent aujourd’hui de leurs agoras et de leurs urnes respectives pour délier une parole aux confins du repli et de la xénophobie. Tandis que les plus démunis marchent épuisés sous le ciel nu, ceux qui ne manquent de rien s’entourent de murs jusqu’à en masquer la lumière du soleil et les lueurs de leur propre humanité.” *
Quelle est la place de nos écoles face à ces situations amenées à s’amplifier ?
Rappelons que l’une des premières missions confiées à nos établissements, et certainement la plus noble, est d’accueillir tout enfant situé sur le territoire, avec ou sans papiers, quels que soient son origine, son passé et ses tourments.
Mais que nos classes soient concernées ou non par l’accueil d’enfants en situation d’exil ne change en rien la nécessité d’aborder avec nos élèves la question des migrations humaines. Il en va de notre éthique, de notre devoir moral de pédagogue de préparer nos élèves au monde dans lequel, futurs citoyens, ils évolueront demain. Et de les y préparer en s’appuyant non sur des stéréotypes véhiculés par la sphère privée, politisée ou médiatique, mais bien sur des éléments rationnels de compréhension : voici l’objet du mémoire mis à disposition librement à la fin de cet article.
Pour opérer cette mise à distance évoquée ci-avant, la méthode proposée, et détaillée en troisième partie de l’étude, consiste à inviter nos élèves à lire un corpus d’albums et romans jeunesse de façon à y trouver des éléments de réponse pour préparer les débats qui seront programmés en classe. La littérature retenue dans cette étude convient aux enfants de 8 à 12 ans mais peut-être étendue et/ou modifiée pour répondre au contexte et aux besoins des élèves. L’important est d’enrichir les raisonnements et réflexions via un média, ici le livre, permettant une distanciation vis-à-vis de la sphère privée et des préjugés initiaux. Le retour d’expériences correspond aux attentes : les élèves dialoguent entre eux en faisant appel à leurs lectures partagées et construisent ensemble des éléments de réponse. La classe devient un lieu d’intelligence collective et d’expression démocratique, véritable micro-société responsable et résiliente, préparant la génération d’élèves à l’exercice de leur future citoyenneté.
Nous vous laissons découvrir ce travail et vous invitons à nous écrire via la page contact du site pour de plus amples renseignements et/ou vos retours d’expériences.
* Extraits du mémoire proposé ici en téléchargement