Déchets et Pollutions,  Ecole et Transitions,  Ecole Zéro Déchet

Vers une Ecole Zéro Déchet

Temps de lecture: 20 minutes

[Ecole Zéro Déchet] est une initiative lancée par le réseau Profs en transition de façon à agir ensemble pour limiter les déchets dans et autour de nos écoles. Réfléchissons, collectons, analysons et faisons de nos écoles des lieux d’exemplarité de la lutte contre les déchets. Retrouvez cette initiative sur les réseaux sociaux via le #ecolezerodechet.

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A première vue, nos rues, nos parcs et nos campagnes sont relativement propres. Dans nos pays développés, la quantité de déchets présente dans notre environnement semble visuellement réduite. Nos déchets de consommation paraissent être gérés, pris en charge, intégrés dans un système de gestion performant et optimal. Effectivement, nos processus de traitement sont, pour la plupart de mieux en mieux adaptés aux déchets produits et de plus en plus développés. Le tri est devenu pour beaucoup notre premier éco-geste réflexe alimentant ces filières de revalorisation.  Mais à y regarder de plus près, sur un trottoir,  dans un caniveau, dans un parc, un champ, une forêt, en montagne, le déchet reste omniprésent. Il s’est tellement banalisé dans notre vie quotidienne, nos actes de consommation, comme dans nos établissements, que sa pollution aussi infime soit-elle est involontairement tolérée. Il fait partie intégrante du paysage visible mais aussi – encore plus inquiétant – du paysage invisible du XXIème siècle, les particules microplastiques issues des processus de dégradation successifs venant se lier aux organismes vivants et aux écosystèmes naturels avec un risque hautement élevé de perturber leurs fonctions physiques et/ou biologiques, un risque encore largement méconnu.


Pour mieux comprendre cette pollution, souvent discrète, mais bien réelle, et vous verrez peut être même davantage ici qu’ailleurs, intéressons-nous tout d’abord à la genèse du phénomène qui s’annonce comme le fléau révélateur d’une civilisation engluée depuis quelques décennies dans le désir frénétique de consommer et de posséder.

Comprendre les enjeux

Tour d’horizon du déchet en quelques chiffres


Comme le rappelle l’article 1 de la loi du 15 juillet 1975 et modifiée par la Loi n°92-646 du 13 juillet 1992 « Est un déchet tout résidu d’un processus de production, de transformation ou d’utilisation, toute substance, matériau, produit que son détenteur destine à l’abandon ».
Ainsi tout commence dès l’extraction de la matière première où les déchets et la pollution sont peu épargnés, les étapes successives de production, transformation, transport, emballage, etc. venant augmenter sensiblement la quantité de déchets ainsi générés. Pour nous, consommateurs, le reste du produit non consommable et dont nous devenons responsables est ce que nous appelons communément le déchet ménager. 

Celui qui emballe, couvre, protège, conserve, conditionne, transporte, donne parfois quelques informations, tente de nous séduire et rendre le bien convoité encore plus attractif, mais aussi, se disperse, entier ou fragmenté, s’ingère sournoisement , vole, plonge et voyage parfois jusque vers les lieux les plus reculés, ne cessant de battre chaque année de tristes records. C’est en effet, selon le planetoscope et ses compteurs en temps réel qui donnent le vertige, plus de 70 tonnes de déchets produits chaque seconde (dont 10 de plastique), soit environ 2 milliards de tonnes par an. Malheureusement ces chiffres s’affolent en raison de l’urbanisation rapide, de l’augmentation du niveau de vie et de la croissance démographique. La Banque mondiale précise que le volume risque d’augmenter de 70 % pour atteindre les 3,4 milliards de tonnes en 2050

Aujourd’hui cela représente en moyenne dans le monde 740 g de déchets par jour et par habitant. Cette moyenne est à mettre en perspective avec le niveau de développement de chaque pays. Ainsi futura précise que bien qu’ils ne représentent que 16 % de la population mondiale, les pays développés génèrent à eux seuls 34 % des déchets de la planète !

En 2017, chaque Européen produisait en moyenne 486 kg d’ordures ménagères. La Roumanie est le pays de l’UE qui en produit le moins par habitant (272 kg), contrairement au Danemark, le plus gros producteur (781 kg par habitant).

La France, dont la quantité de déchets a plus que doublé au cours des 40 dernières années, se situe au-dessus de la moyenne européenne, avec 568 kg de déchets ménagers par habitant. Si certains pays comme la Belgique font figures de bons élèves en ayant réussi à infléchir la tendance et commencé à réduire la quantité de déchets produite annuellement, beaucoup de pays Européens continuent d’ajouter chaque année des tonnes de kilos supplémentaires à leurs montagnes de déchets. 

Alors peut-on encore fermer les yeux et passer à côté de cette véritable explosion de nos déchets ? Nos poubelles de recyclage ou les conteneurs de tri désemplissent-ils ? Quel pourcentage de ces déchets sont finalement revalorisés ou recyclés ?  Est-ce tout simplement suffisant ?

Du tri au zéro déchet

En Europe, le geste du  tri est certainement le premier éco-réflexe réalisé par le consommateur dans son foyer. On estime que seulement 42% des déchets ménagers étaient recyclés en France en 2019. En considérant que ce ratio ait légèrement augmenté sous l’impulsion des nouveaux objectifs fixés par l’union européenne, il n’en reste pas moins que plus de la moitié des déchets que nous produisons chaque année finit enfouie, en décharge ou incinérée avec une valorisation énergétique anectodique !

Si nous pensions donc que le tri suffisait à diminuer drastiquement l’empreinte écologique de nos modes de consommation, nous savons maintenant qu’il ne répond qu’en partie à  cette problématique et qu’il continue d’alimenter des filières sous-dimensionnées qui parfois exportent le problème à l’étranger.

Peut être faudra t-il regarder tout cela sous le bon angle en acceptant que ces filières peinent à répondre à des habitudes de consommation frénétiques et irresponsables.
Malgré les réponses ou ces palliatifs mis en place pour répondre à nos besoins artificiels illimités, l’éternel insatisfait “’homo-consumere” que nous sommes devenus fait littéralement crouler notre monde sous les déchets et se voit incapable de résister à l’appel économique de l’hyperconsommation et ainsi de maîtriser sa consommation et son impact sur son environnement. 

C’est donc bien cet enjeu de société dimensionnant qu’il est nécessaire de comprendre et dont il faut  se saisir pour pouvoir prendre conscience, faire prendre conscience et agir à son échelle vers la seule alternative responsable répondant aux enjeux de demain, celle de la diminution drastique de nos déchets :  aller ensemble vers le zéro déchet

Rappelons-nous en effet la maxime suivante: Le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas !

Des connaissances et des savoirs pour enseigner

Pour dispenser ces connaissances, ces savoirs, ou ces compétences à nos élèves, la communauté Profs en transition, par la réunion et la diversité des profils des membres qu’elle accueille, propose une formidable plateforme d’acculturation.  On y recense notamment des MOOC, ces contenus numériques qui proposent du contenu d’auto-formation en ligne dans un format vidéo.
Pour traiter du déchet, il faut nécessairement parler du produit dont il découle et pour cela se remémorer son cycle de vie.

Il est en effet important de ramener le produit à ce qui le compose intrinsèquement : les ressources naturelles. Cela le ramène à sa condition non renouvelable. Si nous avons évoqué la quantité de déchets produite par habitant, nous pourrions tout autant parler de la quantité de ressources naturelles qui sont employées pour les produire. Cet angle permettrait peut-être, quel que soit le cycle de vie d’un produit et sa finalité, d’installer de façon pérenne son lien direct avec notre environnement. Pour simplifier un produit = des ressources.
Il nous appartient d’en référer plus régulièrement pour ajuster et réduire au mieux notre impact environnemental.  Rappelons également que si le produit est jeté en vue de sa destruction, c’est qu’il n’est plus considéré comme une ressource, ses matières premières ne pourront simplement pas être réemployées et encore moins entrer dans la démarche d’une économie circulaire.

Pour ce qui est du tri sélectif, les manuels pédagogiques offrent une multitude de données plutôt bien construites. Il convient cependant de les adapter aux spécificités de notre collectivité afin d’associer les bons gestes aux bonnes couleurs de bacs, connaître l’évolution de nos filières de traitement dont la gamme de déchets traités peut parfois s’étendre et collecter ainsi plus efficacement nos emballages. Vous trouverez ici des informations utiles pour mieux connaître l’utilité de cet éco-geste.

Retrouvez ici le très bon MOOC réalisé par l’Université des Colibris en partenariat avec l’association Zero Waste France.

Les thématiques de tri et de recyclage peuvent aussi parfois donner lieu à des projets originaux et d’intérêt général, pouvant également fédérer le monde de l’enseignement à celui de la société civile, tels que les initiatives développées ici.

Pour autant et comme nous l’avons précisé plus haut, aborder la thématique des déchets en s’arrêtant simplement au tri sélectif reviendrait à laisser la moitié des déchets que nous produisons sans solution. Cela reviendrait à fermer les yeux et indirectement contribuer au maintient d’un système à l’agonie. Nous devons, dans un esprit de cohérence et de complémentarité, enseigner à nos élèves la démarche zéro déchet. 

Pour s’informer sur les enjeux, démonter les idées reçues, connaître les chiffres clés mais aussi puiser de la matière pour traiter le sujet en classe à l’aide d’infographies, de visuels, posters, données scientifiques, solutions, etc, nous ne pouvons que vivement recommander l’excellent Atlas du plastique qui est une vraie mine d’or quant à ce déchet en particulier.

Dans cette société de l’hyperconsommation, nos élèves sont soumis aux influences marketing et pressions économiques directs ou indirects les incitant à céder à la tentation permanente du renouvellement, du remplacement et de l’achat compulsif, un exemple criant et d’actualité étant le black Friday.

Il est donc primordial de leur apprendre à construire un regard critique et bâtir une réflexion solide sur :

  • leur mode de consommation en re contextualisant par l’étude du cycle de vie d’un produit (de sa composition à sa revalorisation dans le meilleur des cas jusqu’à sa totale destruction et au passage, comprendre l’empreinte environnementale qu’il génère mais aussi les limites d’un bilan ACV), 
  • la durée de dégradation des déchets selon le milieu : sur terre, en mer,  ainsi que dans l’air, hypothèse qui commence à être étudiée et dont les conséquences commencent à être analysées, démontrant s’il le fallait la complexité du problème et la nécessité d’agir à la source,
  • l’efficacité réelle des solutions technologiques mises en avant pour tenter de maîtriser en aval le déchet en agissant sur sa fin de vie, en comparaison d’une maîtrise en amont qui interroge la nécessité même de produire et donc de consommer en masse des objets jetables.  Un exemple ici concernant le bioplastique.

Transmettre les connaissances par les données environnementales évoquées précédemment, c’est préparer les générations à venir,  à devenir des consommateurs réfléchis : des “consom’acteurs”. 


Il nous appartient, à nous, enseignants et éducateurs,  de rendre l’élève acteur de sa société.  Quels sont les leviers qui pourraient simplement nous donner l’envie d’agir avec eux, leur transmettre ces savoirs et bâtir avec eux des éco-gestes ?  Comment leur donner  l’envie de s’investir par notre éclairage pédagogique et nos actions ? Comment les aider à devenir des élèves engagés de leur établissement, des citoyens acteurs de leur quartier, leur territoire, et progressivement devenir des consommateurs réfléchis, libres de faire des choix responsables ?

Bâtir une réflexion collective

Devant l’ampleur du problème, chacun doit prendre la mesure du chemin à parcourir. Il est nécessaire de réorienter notre réflexion et de soulever la question de la responsabilité sociétale. Est-ce qu’informer, prendre conscience des excès de notre société au bord de l’asphyxie, accompagner une réflexion sur nos modes de consommation est exclusivement de la responsabilité parentale ? L’école doit-elle remplir également ce rôle social ? 

Le tri n’étant pas suffisant pour répondre à ce fléau,  quelles solutions pour agir devons-nous également mettre en place ? Réduire les déchets à leurs sources (vers le zéro déchet) ne devrait-il pas être l’objectif cible vers lequel nous devons nécessairement nous (l’ensemble des acteurs de l’éducation) engager ensemble dans nos établissements ?

L’importance d’un engagement collectif

Face au constat de cette augmentation constante de la quantité de déchets produite chaque année, chaque citoyen devrait nécessairement s’interroger sur les causes et ses conséquences sur notre environnement.  

L’école doit-elle alors répondre à cette problématique en permettant aux élèves de développer des connaissances, des compétences, des savoir-faire et des savoir-être ou est-ce seulement aux responsables légaux d’y répondre ?


Confier ses enfants à l’École, à l’Institution, c’est participer par l’éducation à la construction d’une culture commune. Les enseignants sont,  via leurs instructions officielles, les porteurs et les co-bâtisseurs de cette culture commune. 

Au-delà de cette thématique “pollution”, sensibiliser dès aujourd’hui les futurs citoyens dans nos établissements, c’est notamment accompagner les générations futures à adopter des comportements citoyens en adéquation avec les enjeux de demain, mais aussi apprendre à différencier les intérêts particuliers de l’intérêt général :  c’est agir collectivement pour une société plus responsable.

Cette démarche répond à la double responsabilité qui incombe à tout enseignant : dispenser un savoir s’appuyant sur des réalités scientifiques établies et donner à ses élèves des capacités d’action leur permettant de construire leur citoyenneté et de se sentir membre de leur société. 

Ainsi, agir avec nos élèves autour de nos établissements pour sensibiliser à cette problématique et être acteurs de nos communautés face à la prolifération des déchets nous paraît essentiel.

Appréhender le Zéro déchet au sein de nos établissements s’inscrit donc dans cette démarche. Elle nécessite une véritable pédagogie d’exemplarité et de cohérence, au risque de soulever de l’incompréhension avec certaines familles qui pourraient se sentir jugées ou critiquées dans leurs modes de vie.  Un engagement collectif promu et affiché pose des piliers solides autour de la transition et est le garant d’une recherche systématique de la continuité d’initiatives vertueuses. 

Lorsque l’ensemble du collectif s’investit du sujet de la minimisation des déchets générés au sein de l’établissement,  cela devient un véritable projet pédagogique qui vise également à atteindre une certaine qualité de notre cadre de vie. Ce ne sont plus des initiatives éparpillées ou celles d’une poignée de personnes. Cela devient un projet fédérateur dans lequel l’ensemble des tiers concernés peuvent être impliqués. 

Pour les familles et parents, il ne s’agit plus d’une compétence de l’enseignant X ou une volonté de l’enseignant Y, mais du contrat moral sur lequel l’école s’engage.  Ils peuvent jouer un rôle déterminant dans un tel projet. A l’image de ce “pense pas bête” qui vient matérialiser par une charte et un ensemble de bonnes pratiques, l’implication des familles et des écoles bruxelloises engagés autour d’un défi scolaire ZD

Pour les partenaires et les collectivités, il s’agit aussi de s’inscrire dans un rapport formellement énoncé autour de la transition écologique et un apport basé sur des choix éco-responsables clairement exprimés.

 Lorsque cette ambition d’inscrire le zéro déchet comme un état d’esprit indissociable du projet d’école est clairement affichée, plusieurs initiatives peuvent naître d’une année à l’autre. En voici quelques exemples dans les écoles bruxelloises engagées ici ou encore .

Certaines municipalités ont compris l’intérêt d’inciter les établissements de leur ville à s’engager dans une démarche pour réduire leurs déchets, comme le fait la ville de Carouge en Suisse, qui édite un guide à destination des écoles qui explique pas à pas comment aborder le sujet et mettre en place des mesures pratiques.

Quelle que soit la thématique étudiée, profs en transition s’attache à rappeler le rôle primordial d’une continuité pédagogique et d’une volonté de cohérence éducative entre l’école, l’Institution, et l’ensemble des acteurs de la communauté éducative.

Les freins à déjouer

L’ambition de mener une démarche Zéro Déchet systémique nécessite parfois de lever 3 freins principaux qui peuvent contraindre nos intentions et nos actions. Ces freins reflètent des difficultés réelles mais peuvent s’apparenter aussi à un ensemble de croyances dont il est nécessaire de s’affranchir.

De manière générale, les arguments suivants peuvent être opposés à la démarche ZD :

  • L’argument du milieu socio-culturel : je travaille dans un milieu défavorisé, il y a peu de chances que je puisse mettre en place quoi que ce soit comme action concrète à laquelle les élèves ou les familles pourraient adhérer et contribuer. 
  • L’argument économique : Les familles moins favorisées pourraient hésiter ou refuser de s’engager car une démarche ZD est associée à une relative aisance financière.
  • L’argument du temps qui manque : je ne vais pas arriver à faire grand chose sauf à ce que ce soit au détriment du temps consacré aux apprentissages scolaires.

1er frein : une démarche ZD serait plus facile à mettre en place dans un milieu privilégié car les classes populaires se désinterésseraient de la question écologique

En Inde, une école propose aux parents en guise de frais de scolarité de payer avec leurs déchets.

Il ne s’agit pas ici d’extrapoler cet exemple à nos pays industrialisés où la question de la scolarisation n’est pas un enjeu fondamental. Il s’agit plutôt de montrer comment l’école peut et surtout doit s’adapter à son environnement et à son “public”. Il est donc question à la fois de résilience, de créativité et encore une fois d’une vision holistique de la pédagogie. 

L’école exerce pleinement son rôle dans la lutte contre les inégalités scolaires, qui sont très souvent le reflet d’inégalités sociales. On sait par ailleurs que la précarité va de pair avec le niveau d’exposition au risque environnemental (pollution, changement climatique, etc.) et que la question de l’inégalité climatique lui est intimement liée.

La transmission du savoir et l’éducation des jeunes élèves en vue de leur formation à la citoyenneté doit donc évoluer et recentrer les enjeux écologiques au cœur des enseignements, car ces enjeux forgent le rapport des futures générations à l’économie, aux pratiques vertueuses pouvant être plébiscitées et mises en oeuvre par les futurs éco-citoyens en tant que consommateurs et éco-acteurs de la société, en tant que futurs employeurs responsables ou professionnels des secteurs les plus exposés, y compris dans nos sociétés occidentales réputées développées mais en réalité très peu résilientes au changement : agriculture, pêche, apiculture, etc. Il y a indéniablement une relation forte entre la sensibilisation progressive et l’appropriation active et dès le plus jeune âge d’une démarche continue visant à la sobriété dans l’usage des ressources (telle que sous-tendue par le mouvement zéro déchet), à la capacité future d’étendre à l’âge adulte ces pratiques vertueuses et utiles aux modèles fondateurs de la vie économique : méthodes de production, d’éco-conception, de distribution et d’utilisation (et réutilisation) écoresponsable des ressources et des biens destinés à la consommation directe ou indirecte des ménages. Ces méthodes existent et ont fait leurs preuves, il s’agit de les faire connaître le plus tôt possible en les intégrant de manière adaptée, aux différents cursus de formation et ne devraient pas uniquement être vues sous l’angle des techniques de l’ingénieur (regroupées sous le terme d’éco-conception).

Par ailleurs, lorsqu’on s’intéresse aux pratiques zéro déchet de près ; on constate un lien direct entre sobriété dans la consommation et minimalisme avec un impact économique direct et subséquent.

Le vrac, la consigne, fabriquer ou réutiliser des produits en vue d’assurer un certain niveau d’autonomie et d’autosuffisance, réparer et prolonger la durée de vie d’objets et de ressources considérées comme précieuses dans un environnement au confort de vie restreint étaient des pratiques répandues et populaires dans les générations précédentes. En réalité, notre société hyper consommatrice fait voler en éclat cette forme de sagesse certes contrainte par des impératifs économiques et pas forcément toujours conscientisée autour d’enjeux écologiques que nous connaissons de nos jours. Nonobstant, mettre en œuvre une démarche ZD collective n’est finalement qu’un retour à ce minimalisme original et une forme de reconnaissance de cette sagesse pragmatique en l’étendant à son cadre de vie (famille, bureau, et nous concernant en tant que professionnels de l’éducation, aux écoles). Étendue et généralisée dans un environnement où l’enfant vient réapprendre des pratiques peu importe son milieu, elle peut transformer durablement nos modèles économiques énergivores. 

2ème frein : Une démarche ZD serait plus coûteuse financièrement

Disons-le sans détour ! Le zéro déchet est associé – à tort il va sans dire – à une forme d’élitisme qui est très bien expliqué dans ce propos :

La question écologique fait débat depuis des années et a souvent été rattachée à une classe qui aurait le temps et les moyens de se consacrer à cette problématique. On associe rarement « écolo » aux classes populaires qui, selon certains, auraient d’autres soucis, plus réalistes. Le problème se posant ainsi ici, est celui de l’appropriation de la question écologique par les classes sociales les plus aisées. Certains de ses membres se sont imposés comme prescripteurs de principes écologiques, ce qui a pu conduire à un a priori négatif parmi les classes plus populaires. …. Néanmoins, le zéro déchet est loin d’être élitiste !”. 

Lutter contre cette fausse image et prouver dans les faits qu’une pratique zéro déchet est au contraire pourvoyeuse de solutions pratiques et économiques peut être un premier argument auquel les familles ou le reste de la communauté peuvent être sensibles : par l’emploi d’objets réutilisables, de meilleure qualité et donc durables, favorisant le circuit court et donc éliminant les marges intermédiaires, etc. Pour la collectivité, favoriser le secteur économique local qui privilégie des solutions éco-responsables et l’emploi local, impliquer le tissu associatif pour renforcer la dynamique de la ville, etc. sont autant de bonnes raisons pour plébisciter le zéro déchet. On peut espérer par la suite que la sensibilité écologique prenne le pas et que les pratiques s’ancrent et deviennent conscientes des enjeux qui les sous-tendent. Le groupe Facebook créé par Marie Lefèvre et Herveline Verbeken témoigne de ce lien entre minimalisme, écologie et économies au sens de l’amélioration du pouvoir d’achat.

 3ème frein : Une démarche ZD prendrait beaucoup trop de temps et pourrait venir empiéter sur l’impératif de terminer les programmes scolaires

L’autre argument que l’on oppose souvent à la mise en place d’initiatives zéro déchet serait celui de sa supposée chronophagie. 

Si la démarche zéro déchet nécessite en effet une réflexion méthodologique et un temps de mise en place, il ne s’agit nullement d’un temps superflu qui entrerait en concurrence avec le temps scolaire. Par ailleurs, adosser cette réflexion aux apprentissages scolaires permet non seulement d’associer directement les élèves pour qu’ils soient acteurs, mais également de pratiquer les compétences indispensables aux éco-citoyens de demain : observer, analyser, comparer, tirer le bilan de ses réflexions et faire des choix éclairés, tout ceci est parfaitement compatible avec les programmes.

Le choix de fournitures scolaires éco-responsables par exemple permet de poser les questions suivantes : De quels matériaux les fournitures sont-elles constituées ? Lesquels des composants peuvent être potentiellement dangereux pour l’environnement ou la santé humaine ? qu’apprend-on dans les messages publicitaires à cet effet ? Quel est leur cycle de vie : production, utilisation, mise au rebut ? Quelle énergie ou ressources chacune de ces phases consomme-t-elle ? Que deviennent ces fournitures ou bien leurs composants une fois arrivés au terme de leur utilisation ? Peut-on prolonger leur durée de vie ou les remplacer par d’autres alternatives ? Lesquelles ? Sur quoi agissons-nous lorsque nous privilégions ces alternatives ? Quelle satisfaction personnelle cela apporte-t-il à nos besoins fondamentaux : sentiment d’utilité, de sécurité de nos proches, de bien-être, de confiance, d’enthousiasme ? 

On peut constater par ce simple exemple toutes les disciplines ou compétences qui peuvent être égrenées : scientifiques, philosophiques ou encore sociétales ; il y a largement de quoi puiser pour remplir des pages entières d’exposés et de devoirs mais surtout d’atteindre les objectifs des programmes académiques en faisant d’une pierre deux coups.

 Intégrer le sujet du zéro déchet au projet d’école, travailler en collectif, embarquer les élèves (notamment au travers des éco-délégués), mettre le sujet au cœur de certains apprentissages et réalisations scientifiques, littéraires ou artistiques, solliciter l’aide des familles, etc. Ce sont autant de moyens d’actions qui permettent de mutualiser l’énergie et le temps nécessaires ; et si la courbe d’apprentissage peut être lente au démarrage, ce temps indispensable au départ est largement compensé par les gains qui s’ensuivent et qui s’installent dans la durée. 

AGIR dans nos établissements vers le zéro déchet

Par des actions simples et concrètes, nous pouvons construire et développer des apprentissages porteurs de sens et efficaces.

La démarche pédagogique que nous portons nécessite de faire émerger un questionnement :  par un graphique, un média vidéo, un article de journal, une lecture de texte, la participation à un événement ou par toute autre activité pédagogique, l’entrée par laquelle aborder cette thématique vous appartient. Les élèves doivent être amenés à s’interroger, à se questionner, débattre, intégrer cette réflexion dans un véritable projet inter-disciplinaire dans lequel l’élève ou l’étudiant est amené à agir, produire pour se sentir acteur, utile et puisse se bâtir une véritable citoyenneté active et responsable.

Cette démarche peut également avoir lieu en analysant et en portant un regard critique sur son milieu de vie, en l’occurrence l’école et les activités qui s’y déroulent, qui occasionnent quantité de déchets avec pour nécessité l’initiation d’une réflexion afin de les maîtriser en amont. Cette introspection peut aboutir à la réalisation de projets dont l’ambition sera fixée en fonction des classes d’âges et de l’investissement de chacun.

Il existe des outils permettant de construire et dérouler un projet ZD :

  • Pour une sensibilisation collective, la Fresque du déchet (sur le même principe que La fresque du climat) permet dans un premier temps d’appréhender la notion de déchet, sa complexité et les différents impacts de sa gestion. Des ateliers sont animés par l’association Green donut pour s’approprier l’outil.   
  • Pour définir un plan de façon collégiale et en mettant en avant l’autonomie des élèves, Bâtisseurs des possibles : Il s’agit d’une approche collaborative qui laisse l’initiative aux élèves pour résoudre une problématique qui les touche et dans laquelle ils ont un rôle central.
    Elle peut être complétée par l’approche 5R. Ainsi après l’étape précédente d’identification des déchets, leurs natures, leurs impacts, l’enseignant ou l’éducateur peut cibler avec ses élèves des actions possibles suivant l’ambition que le collectif veut se donner.
  • Pour prioriser les actions, la méthode des 5R : Il s’agit d’une approche qui vise à prioriser les actions possibles pour limiter les déchets suivant leur impact : Refuser/Réduire/Réutiliser/Recycler/rendre à la Terre. Elle est applicable à tous types d’objets de consommation. 

Étudier le déchet produit ou ramassé c’est apprendre à se questionner, à formuler des hypothèses, à observer, trier, catégoriser, analyser et ainsi réinvestir ou rappeler des compétences jusque-là bien dispensées. Étudier ces catégories, c’est également faire émerger le type de déchet le plus consommé, comparer par le dénombrement, par la mesure de son poids ; enfin établir des parallèles, vérifier des hypothèses, souvent plus riches de sens que l’étude d’un simple polycopié. Cette démarche sera construite de façon collaborative en classe, favorisant la coopération.
C’est aussi un formidable vecteur de citoyenneté et de solidarité qui permet à chacun de comprendre qu’il peut agir à son niveau, pour participer à la construction collective d’un monde plus conscient et respectueux du vivant. 

Ces activités seront aussi l’occasion d’étudier ses habitudes de consommation, et donner du relief au “mieux consommer” mais également de se responsabiliser, à savoir faire des choix, apprendre à respecter une nature qu’il s’agit de préserver.

Ce questionnement et les débats qui peuvent en découler peuvent reposer sur plusieurs moyens d’actions qui s’imbriquent entre différents lieux et moments de l’année. Les actions peuvent d’abord être occasionnelles avant de s’inscrire dans la durée. En effet et surtout si on part de zéro, une approche graduelle permet d’éviter de se décourager dès le départ et de construire à pas assurés une démarche pérenne dans le temps.

  • Lors d’événements occasionnels : pique-niques ou goûters, kermesses, fêtes et célébrations annuelles. C’est l’occasion d’analyser le contenu et les impacts sur l’environnement des déchets produits sur ces moments de l’année qui rythment la vie à l’école, et réfléchir ensemble pour agir.
  • Lors d’événements calendaires tels que le WCUD en définissant un lieu (parc, cours/entrée d‘établissement, un circuit ou un périmètre autour de l’école) pour une opération de ramassage de déchets. L’événement peut même être ritualisé à d’autres moments de l’année lors d’une sortie école dehors ou une sortie EPS par ex. 
  • En suivant un sportif aventurier qui s’intéresse à cette thématique avec en vue pour l’enseignant le soutien à un projet pédagogique avec les élèves. Nous vous invitons à découvrir 8 parcours passionnants dans le cadre de l’initiative Ecole&Aventures de Profs en transition.
  • Dans la longue durée avec un projet impliquant de réaliser un diagnostic complet de son établissement, en s’intéressant aux différentes zones et sources potentielles de déchets : cuisine, classe, cours de récréation, …et en y apportant des solutions complètement intégrées au cadre de vie quotidien au sein de l’établissement.

Chacune de ces actions est détaillée dans la partie suivante afin d’en appréhender les contours. Libre à chacun de les adapter à son contexte, à sa pédagogie, pour aller avec ses élèves et l’ensemble des acteurs éducatifs vers un établissement zéro déchet, responsable, exemplaire et cohérent avec les apprentissages dispensés.

AGIR lors d’événements occasionnels de l’école


Les événements célébrés dans nos écoles et auxquels participent directement ou indirectement les familles  (fêtes de fin d’année, anniversaires, pique-niques et goûters) sont souvent consommateurs de beaucoup de ressources, qui peuvent elles-mêmes générer une quantité importante de déchets :

  • Papier : pour la réalisation de cartes de vœux au nouvel an, fêtes des parents, de ceux qu’on aime …
  • Tissu : pour la confection de déguisements pour le carnaval, …
  • Plastiques et emballages divers : pour garnir les stands des kermesses ou la table des goûters d’anniversaires en classe, …

Une fois identifiés, on peut appliquer des stratégies de réduction suivant les 5R et en impliquant les familles :

  • Par le Refus d’utiliser des emballages superflus, par la Réutilisation de matière déjà disponible et que les enseignants auront pris soin de conserver pour les différents événements, par exemple la réutilisation de chutes de papier pour la réalisation de cartes de vœux ou par le recours aux éco-cup pour les kermesses ou autres festivités.
  • Par le choix de matières et produits éco-responsables et la Réduction de la quantité de ressources à consommer, par exemple lors des kermesses en agissant sur le suremballage ou sur la quantité de nourriture prévue aux stands, en sensibilisant et impliquant l’ensemble des familles.

Des éventements de sensibilisation peuvent même être spécialement organisés à cet effet, en expliquant la démarche aux familles et en les en conviant à participer. Voici quelques articles que profs en transition vous propose sur ces thématiques :

Fête des parents ecoresponsables

Fêtes de fin d’année ecoresponsables et solidaires

AGIR lors d’événements calendaires 

Les ramassages de déchets

Un des événements phare qui a lieu tous les ans à la rentrée et qui permet d’aborder la problématique du déchet en rendant ses élèves acteurs est le World CleanUp Day (WCUD). Cette activité qui met l’élève directement en prise avec son environnement permet par l’observation directe et après analyse, de prendre conscience de la quantité de déchets présente dans la nature, leur difficile dégradabilité et de découvrir la notion de micro-déchet

La fragmentation du déchet en micro-déchets (en particulier micro-plastique) mérite que l’éducateur s’y attarde plus particulièrement. Il est nécessaire de souligner que le micro-déchet est un souci majeur dans la mesure où étant moins visible, il est plus ou moins volontairement ignoré. Le déchet reste encore dans sa représentation populaire un produit entier et intègre. Demandez à un enfant de produire une représentation initiale du déchet, aucun ne sera fragmenté. Et pourtant, c’est bien une des observations qui amèneront vers certaines constatations indispensables. Le déchet sous cette forme là est beaucoup moins visible mais bien encore présent, il devient surtout complètement incontrôlable. La conclusion naturelle à laquelle l’éducateur ou l’enseignant pourra amener ses élèves est que le ramassage de déchets a une vertu avant tout nécessairement pédagogique, qu’elle crée l’émulation de groupe, mais qu’elle ne pourra pas résoudre le problème de la pollution durablement et que c’est bien en amont de la chaîne qu’il faut agir (mettre l’emphase sur le R de Refuser dans la démarche 5R plutôt que le R de Recycler).

Les déchets ainsi fragmentés seront en outre facilement transportés par les éléments et se retrouveront dans tous les milieux y compris lointains et inhabités, ou bien plus néfaste pour l’environnement et pour notre santé, dans les organismes vivants en se propageant au reste de la chaîne de vie ou ou en finissant irrémédiablement dans nos assiettes.  Ce phénomène peut être étudié en classe suivant différents supports pédagogiques, par exemple en montrant qu’un déchet plastique produit sur terre est emporté dans l’eau ou l’air et dégradé en microparticules par la force des éléments, et qu’il peut causer des dommages considérables dans des milieux et sur des organismes très éloignés de la source de pollution initiale, tel que les coraux par exemple.

Ce type d’action permet également de relier le déchet ramassé et son lieu de ramassage à nos habitudes de consommation. Des actions de sensibilisation pourront être envisagées : courrier des élèves aux collectivités, panneaux avec photos ou dessins et mots incitatifs à la civilité et responsabilité citoyenne, discussions élargies aux familles, etc. L’étayage dirigé et l’ouverture des espaces de dialogue autour du mieux consommer en recherchant collectivement des solutions à chaque déchet type en est facilité. Par quoi remplacer les sacs plastiques ? les biscuits emballés ? Les canettes et barquettes plastiques ? Etc. Des alternatives peuvent être discutées en classe et le rôle des autorités de régulation ainsi que de l’État peut-être abordé : quelles lois ont été ou peuvent être votées ? Quel peut-être le rôle des entreprises et des industriels ? S’il y a un conseil municipal des jeunes au sein de la collectivité, c’est l’occasion également de se saisir du sujet et de définir des actions au périmètre élargi, Etc. Tout ceci est donc une formidable occasion de mettre en relief la portée d’actions actions collectives.

Pour agir concrètement, notre partenaire, le World CleanUp Day, propose de se réunir sur une journée mondiale de ramassage chaque année fin septembre/début octobre.

Cette façon d’aborder et de sensibiliser au déchet dans nos classes est désormais soutenue et relayée par certains ministères (notamment en France).  Pour en savoir plus sur cet évènement, retrouvez ici l’article Profs en transition sur l’édition de 2019.

Une grande partie des compétences et connaissances en lien avec les programmes peut être abordée lors de la réalisation de ce type d’activités. Elles sont référencées dans les plaquettes d’accompagnement pédagogique du WCUD, co-réalisées avec Profs en transition.

Pour inscrire ces actions de façon plus régulière, diversifier les lieux de ramassage et donc les observations, chaque enseignant peut décider de consacrer un temps de ses sorties scolaires à un nettoyage. Les modalités sont propres à chaque enseignant et peuvent être décidées en concertation avec les élèves. Cette initiative se nomme Une poubelle par sortie et est proposée en partenariat avec l’association “1 Déchet Par Jour” qui s’emploie à appeler chaque citoyen à agir quotidiennement par le ramassage d’au moins un déchet par jour pour ” une Rue plus propre une Ville plus propre et un  Futur plus propre!”

Semaine européenne de réduction des déchets 

C’est une semaine de sensibilisation qui a lieu tous les ans au cours du mois de novembre. 

Des événements sont organisés par des associations parfois en partenariat avec des entreprises du secteur. Les écoles peuvent participer par exemple à des concours ayant pour thème la réduction des déchets.

D’autres idées d’ateliers sont proposées ici 

Vivre à distance les expéditions proposées par des éco-aventuriers

Qui de mieux pour sensibiliser et interpeller nos élèves aux thématiques essentielles de la transition (biodiversité, ressources, déchets, énergie, climat, agriculture, éco-citoyenneté, respect du vivant, et bien d’autres) que ces acteurs de la vie civile qui partent explorer nos territoires proches ou lointains et qui partagent avec nous leurs rencontres, leurs difficultés, leurs questionnements, leurs observations ?
 

Ce qui est certain c’est que la motivation dont ils font preuve est la meilleure des entrées pédagogiques possible. Suivre un aventurier dans nos classes ou notre établissement, quelle que soit la ou les thématiques sous-jacentes portées, permet de vivre avec enthousiasme une aventure riche de sens et de décliner mille et une compétences sociales, scientifiques, littéraires et artistiques. C’est une formidable fenêtre ouverte sur le monde qui désinsère l’espace de nos classes

Concernant la pollution par les déchets, les images ou les reportages vidéo font souvent s’entrechoquer des paysages grandioses, rappelant à la beauté de la nature autant qu’à sa fragilité. Les pollutions observées viennent rappeler la globalité du problème, l’impact de l’homme sur l’ensemble des milieux et sur le vivant dans et avec lequel il cohabite. Le constat doit nécessairement s’accompagner de phases d’échanges et de réflexions partagées. C’est aussi montrer que des solutions existent et c’est l’occasion d’ouvrir l’univers des possibles, tant par les rencontres proposées par les aventuriers durant leur parcours que par des actions collectives telles que proposées plus haut.

Profs en transition propose chaque année un ensemble d’aventures sélectionnées pour leurs démarches éthiques et responsables. Elles sont regroupées autour de l’initiative Ecole&Aventures.

AGIR dans la durée par un bilan de son établissement

Agir dans la durée est le signe que les habitudes de consommation au sein de l’établissement sont connues et ancrées et que des actions sont identifiées dans le long terme et avec un objectif d’amélioration continue. Cette démarche peut être matérialisée par exemple par la labellisation de son établissement : Eco-école, ou E3D

Il est possible de constater que les déchets générés au sein d’un établissement scolaire (en y incluant plus largement la périphérie proche, par exemple le chemin maison-école, ou école-lieu de sortie) peuvent être visualisés en plusieurs zones, ce qui permet de les classer en fonction de leur dégradabilité (déchet organique ou inorganique : plastique, verre, métal, restes alimentaires, …). Par ailleurs, certains polluants invisibles pourront être abordés, ceux-ci ne sont pas directement générés au sein de l’école mais le sont soit en amont de la chaîne par la quantité de ressources nécessaires à leur fabrication ou en phase de recyclage par l’énergie nécessaire à leur élimination (ex : les COV des colles pour l’assemblage du bois du mobilier équipant les classes, ou les batteries des PC de la salle informatique) ou encore par l’émission carbone liée au trajet depuis/vers l’école. Identifier ces sources de pollution indirectes entre dans le cadre d’une démarche ZD globale s’appuyant sur une analyse la plus complète possible du cycle de vie.
Nous vous proposons quelques  ressources et vidéos pour comprendre les notions de cycle de vie. Dans l’exemple du mobilier, il sera aisé de constater que l’origine du bois, les matières premières employées, la qualité de matériaux, etc. sont des facteurs de pollution plus ou moins conséquents par l’impact qu’ils auront en rejets directs ou indirects de déchets. Il en va ainsi de l’ensemble des ressources consommables.

Le schéma ci-dessous montre une approche possible pour établir un diagnostic, par l’observation des différentes zones possibles de génération de déchets au sein d’un établissement. On peut constater que le type de déchet ne sera pas identique suivant la fonction du lieu, et que l’axe pour agir qui en découlera en sera donc fortement dépendant :

 

On pourrait classer ensuite un déchet suivant cette approche selon différents critères, ce qui permet d’apporter des réponses adaptées :

Le déchet produit par la consommation directe de la ressource au sein d’une zone de l’établissement :

  • En classe : il s’agit des ressources utilisées en tant que support pédagogique mobile et/ou à la durée de vie courte. Ce sont typiquement les fournitures scolaires des élèves ainsi que celles des enseignants. Papier et surtout plastique en sont les principaux constituants. Les axes de mise en place de solutions de réduction de déchets se joueront principalement dans la capacité à sensibiliser élèves, familles et équipes pédagogiques dans le choix de matériaux durables, notamment en début d’année ou au moment du renouvellement. Il est possible d’établir un bilan exhaustif afin d’argumenter le bien-fondé de choix éco-responsables et durables sur un plan économique en cas de fortes réticences. D’autres axes peuvent être celui d’encourager à des pratiques de DIY, ou celui d’un usage plus sobre et plus modéré des ressources en amont.

Retrouvez ici les articles issus de l’initiative cartable vert pour réfléchir et engager une démarche, économiquement et écologiquement vertueuse, pour l’acquisition de nos fournitures scolaires. Mais aussi issus de l”initiative Bureau Vert (plus particulièrement la question des manuels scolaires) dont l’objectif est de réduire l’impact écologique de nos espaces et usages bureautiques, dans l’univers scolaire évidemment, mais aussi bien au-delà !

  • Dans la cantine : Il s’agira ici notamment d’explorer les questions de gaspillage alimentaire en amont et le traitement des déchets organiques en aval. L’article “Un composteur à l’école” donne des pistes pédagogiques pour réduire ses déchets compostables.
  • Dans les lieux communs : Sanitaires et couloirs sont également des lieux propices à l’apparition de déchets ou bien au gaspillage de ressources (quantités d’eau et de papier utilisées dans les toilettes par exemple). Les axes de réflexion pourront donc porter à la fois sur la sobriété de la ressource consommée ainsi qu’aux alternatives au consommable jetable.
  • Dans les lieux de vie (salles de réunion ou cours de récréation) : sur les temps de pause ou de rencontres entre collègues ou collation des élèves, est-il possible d’apporter ses propres contenants réutilisables ? Est-il possible d’utiliser des jeux de type loose parts dans la cour (fait essentiellement de récup)  ? 
  • Mobilier, bibliothèque et matériel informatique : De quelles marges de manœuvre disposons-nous au moment de faire l’acquisition ou renouvellement d’un mobilier ou PC de qualité durable et éco-responsable ? Un recours à des associations locales est-il possible pour se départir de son équipement ou ressources à renouveler/réparer son matériel ou mobilier défectueux ? Un recours à du mobilier ou matériel d’occasion est-il possible ? Un troc inter-établissement est-il envisageable ? Le numérique pose également des questions identiques et d’autres plus spécifiques : quelles bonnes pratiques adopter ? Quels savoirs ou compétences peuvent être mises à disposition au sein du réseau pédagogique, associatif ou parents d’élèves pour prolonger la durée de vie des PC et/ou des tablettes par exemple ? Quels choix techniques effectuer en amont afin de s’inscrire dans une logique de sobriété numérique ?

Les déchets qui engagent la relation avec les partenaires ou le tissu social auquel appartient l’établissement :

S’il est plus difficile d’entamer des actions immédiates sur des sujets qui engagent d’autres parties prenantes que l’équipe pédagogique, les familles et les élèves ; il ne faut toutefois pas s’interdire de questionner des choix faits ou à faire afin d’explorer les pistes plus en adéquation avec nos valeurs.

  • Dans la cour de récréation : les jeux installés dans la cour sont-ils éco-responsables ? Dans le cadre de travaux ou de renouvellement, est-il possible d’envisager des projets associant des acteurs éco-responsables ?
  • Aux abords de l’école : La prolifération de déchets aux abords de l’école pose de vrais soucis – notamment les mégots de cigarettes qui sont un réel fléau. Comment engager la discussion avec les parties prenantes de façon efficace ? Quelles solutions proposer ? Par ailleurs, la question se pose pour les voyages scolaires et les choix de mobilité qui peuvent être plébiscités.
  • Travaux au sein de l’école : que ce soit des travaux cosmétiques ou d’extension de plus grande ampleur, quelles possibilités de privilégier des entreprises du secteur qui privilégient des techniques et matériaux de construction éco-responsables ? 

En conclusion

 Réfléchir et agir pour aller vers le zéro déchet dans les écoles est un travail qui peut sembler long et au parcours semé d’embûches, mais celui-ci se construit pas à pas, en s’informant et sensibilisant à son tour, en s’inspirant de ce qui est fait dans la vie quotidienne, en expérimentant, en participant à des initiatives, en profitant d’événements annuels. Lorsque ce cap est franchi, le besoin de sortir de l’action individuelle peut vite se ressentir pour s’inscrire dans une démarche impliquant dans la durée élèves, familles et équipes pédagogiques et plus largement partenaires, tissu associatif et collectivités. Il peut être mené comme un projet inter-établissement impliquant la ville en tant que partenaire essentiel. En tant qu’éducateurs, lever les freins pour susciter l’adhésion et s’emparer du sujet pour traiter la question du déchet comme une question globale est un réel défi, mais un défi qui est au cœur de nos missions qui contribuent à faire de l’école un lieu d’application des savoirs, résolument tourné vers une pédagogie collabor’active, cohérente et résolument soucieuse des enjeux à venir.

Auteurs : Antoine Maldonado et Lila Abes

 

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3 commentaires

  • Fayard

    De toutes manières il va falloir y arriver, d,une façon ou d’une autre.
    Et je trouve cela super, c’est un moyen de se battre pour quelque chose

  • ballan

    Madame, Monsieur,

    Je vous fais part du souhait que nous avons d’intégrer dans la revue annuelle du lycée François Raynouard de Brignoles (83170) votre visuel en tant que partenaire de l’établissement.

    Nous travaillons en étroite collaboration avec le proviseur Monsieur KRINGS et l’équipe de direction afin que cette revue, ayant pour but de bien faire connaître les toutes nouvelles réformes, objectifs, débouchés et activités du lycée à Brignoles et dans l’académie, soit une aide précieuse pour les jeunes et leur famille dans leur cursus scolaire jusqu’à l’obtention de leur diplôme.

    Je souhaite vous sensibiliser sur le fait que pour exister et faire la promotion des formations existantes au sein du lycée F. Raynouard, cette revue a besoin de l’intérêt, de la solidarité et de la sympathie que vous témoignerez à l’établissement et à la population en acceptant d’intégrer votre visuel dans cette revue et ainsi mettre en avant votre activité.

    Je vous remercie de votre retour et souhaite vivement une réponse favorable de votre part. Je reste à votre disposition pour tout complément d’information.

    Belle journée à vous.

    Bien cordialement.

    Chantal BALLAN
    0674737394 – chantal.ballan@gmail.com

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